26 Juin Les visites successives de plusieurs ministres français en Côte d’Ivoire témoignent de la vitalité de la coopération et des partenariats d’affaires entre les deux pays
Après la visite du premier ministre Bruno Lemaire en avril dernier pour préparer la venue à Paris du président Ouattara lors du Sommet international sur le financement des économies africaines, se sont enchainées celles du Ministre Délégué au Commerce Extérieur et à l’Attractivité, Franck Riester (1-4 juin) puis du Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian (9-10 juin)
Si ces visites étaient centrées des sujets d’actualité, chacune a illustré par la densité et la diversité des programmes, la prégnance de la relation bilatérale. Qu’on en juge…
Accompagnant une délégation de 40 entreprises du Medef Afrique et de Business France et de députés, le ministre Riester s’est entretenu pendant son séjour avec 16 ministres ainsi qu’avec le Premier Ministre, Patrick Achi.
Lancement de Inspire & Connect Africa (ICA), à l’Institut Français le 2 juin
A l’initiative de Bpifrance, ICA vise à renforcer les partenariats et les co-investissements franco-africains. On soulignera la part de l’Afrique dans le dispositif international de la banque publique : 4 de ses 9 bureaux à l’étranger sont en Afrique dont celui d’Abidjan. Elle conseille d’ailleurs le gouvernement ivoirien sur la possible création d’une banque d’entrepreneurs sur son modèle.
500 participants, africains et français ont participé à cette journée, en présence du Ministre de l’Économie et des Finances de Côte d’Ivoire, Adama Coulibaly, qui a inauguré les ateliers de travail, entouré du DG de Bpifrance, Alain Dufourcq et du ministre Frank Riester . L’audace entrepreneuriale était le maître mot de ces échanges entre entrepreneurs, tant hommes que femmes, entre secteurs public et privé. Le ministre Coulibaly a fait valoir l’intégration de son pays dans la zone UEMOA (120 M d’habitants) et CEDEAO (380 M), en rappelant l’impératif d’inclusion de l’Afrique dans les chaînes de valeur mondiales. Le 3ème plan National de Développement (2021-2025) prévoit à cet effet 22 Mds USD d’investissements dont 60% au secteur privé.
Après Abidjan, cette action d’ampleur – établir un New-Deal franco-africain – sera dupliquée en 2022 à Casablanca puis à Nairobi. Elle s’inscrit dans un plan Bpifrance Afrique plus large, impliquant l’ensemble des intervenants publics français à l’international réunis au sein de la Team France Export. Objectif : soutenir les entreprises par des financements dont les montants progresseront de 3 Mds EUR en 2020 à 10 en 2024 (crédit, investissements, assurance et accompagnement). Pour augmenter l’effet de levier, Bpifance amplifie ses injections dans des fonds partenaires qui leur permettront de lever 1,5 Mds EUR d’ici à 2024. Ainsi Averroès Africa, lancé en association avec Proparco, a drainé depuis sa création en 2003 1 Md EUR dans une vingtaine de fonds de capital investissements et 150 entreprises dans 40 pays africains.
Aux côtés des différents Clubs d’affaires initié par le Service Économique Région de l’ambassade de France
Un club Agro
Ce nouveau club a été officiellement lancé à la Résidence de France, en présence du Ministre de l’Agriculture et du Développement Rural, avec comme priorités, l’intégration des filières, l’agriculture durable et la transformation des matières premières.
La French Tech Abidjan
Labellisée en 2019, la dynamique French Tech d’Abidjan a reçu le ministre Riester en présence de son homologue ivoirien en charge de l’Économie Numérique, des Télécommunications et de l’Innovation, Roger Adom.
Cet échange autour de l’environnement Tech en Côte d’Ivoire et des synergies bilatérales s’est déroulé, à l’invitation d’Orange, dans son tout nouveau Digital Center, dédié à l’accompagnement numérique et à l’innovation, plateforme de soutien à la création de projets locaux. Deux chartes pour la croissance de l’écosystème franco-ivoirien ont été signées, l’une engageant les grands groupes à appuyer les startups à trouver des solutions innovantes et disruptives, l’autre visant à mobiliser des financements auprès des investisseurs permettant à ces jeunes entreprises de grandir plus vite.
Le Club Abidjan Ville Durable
Créé en 2016, avec pour objectif d’accompagner l’urbanisation galopante des métropoles africaines sous l’effet de la poussée démographique, le club Abidjan Ville Durable regroupe 55 entreprises qui mettent leur expérience au service d’un développement soutenable de la capitale économique, promouvant l’expertise et le savoir-faire français dans des domaines tels que la mobilité, l’énergie, l’eau, l’assainissement, la sécurité….
Le club a reçu le ministre Riester le 3 juin en présence du ministre de l’Environnement et du Développement Durable, Jean-Luc Assi. Plusieurs accords ont été signés à cette occasion :
- Signature d’un MoU entre les deux ministres, pour lancer une filière innovante de revalorisation des déchets de la construction, portée par un consortium d’entreprises françaises (projet Korylé);
- Collaboration pour la formation des jeunes avec la plateforme Trace Academia représentée par son DG, Olivier Laouchez et le président du club, Guillaume Herry ;
- Certification environnementale Edge, conférée par le club, en faveur de l’hôtel Movenpick, le premier à obtenir ce label.
Les enjeux de la transformation de la ville
Ils étaient, comme le démontre l’activité du club Abidjan Ville Durable, au cœur du programme du ministre.
Avec le ministre de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme, Bruno Nabagné Koné et le maire François Amichia, il a visité le chantier du démonstrateur Lives² à Treichville, lancé en janvier par le groupe français Ceetrus, un projet de construction de logements écologiques pour des population économiquement faibles « un prototype de projet social innovant, écologique, durable que la coopération entre nos deux pays se doit d’encourager » selon les mots du ministre Bruno Koné. Outre celui-ci, 3 autres « démonstrateurs » existent déjà dans des communes d’Abidjan, Marcory, Cocody et Abobo. Ils sont conçus pour répondre aux défis des besoins en zone urbaine, à la fois abordables pour un foyer modeste, « climatiquement intelligents », modulables, à usage résidentiel et commercial.
Il a également visité l’Agora de Koumassi, un espace socio-sportif communautaire dédié à la jeunesse de 3 ha, concept développé par le ministère ivoirien des sports dans le cadre du Plan National de Développement. Inaugurée par le président Macron lors de sa visite à Abidjan en décembre 2019, elle est devenue lieu symbolique du partenariat gagnant-gagnant entre la France et la Côte d’Ivoire, où culture, sport, entrepreneuriat social et formation se combinent pour créer un lieu d’animation du quartier. Conçue et réalisée respectivement par les entreprises françaises Winwin Afrique et Alamo (groupe Duval), elle est financée par un fonds Fasep.
10 autres Agoras doivent être construites grâce à un prêt français.
La préparation du Sommet Afrique-France de Montpellier
Ce sommet qui devait déjà se tenir en 2020 à Bordeaux, reporté du fait de la pandémie, aura lieu les 7-9 octobre à Montpellier. Il constituera un moment fort de l’agenda de la France avec le continent africain. Illustration des nouvelles relations que le président Macron souhaite insuffler à notre relation, il accueillera un millier de participants de tous pays et milieux (entrepreneuriat, culture, sport, formation, recherche…), avec une présence notamment des jeunes générations et des membres de la diaspora.
Le ministre Riester a insisté tant auprès des plus hautes personnalités publiques et privées que des interlocuteurs rencontrés à tous niveaux de l’importance d’une présence fournie de la Côte d’Ivoire. Ainsi qu’il l’a exprimé au quotidien national Fraternité Matin : « Cet événement incarnera notre volonté de nous appuyer sur les acteurs eux-mêmes du renouveau de notre relation pour réussir ensemble : entrepreneurs, intellectuels, chercheurs, artistes, sportifs, seront au cœur de ce sommet. Je souhaite que la Côte d’Ivoire y prenne toute sa place. »
Entretiens ministériels ainsi qu’avec le Premier Ministre ivoirien, Patrick Achi
Avec le Premier Ministre, il a évoqué le renforcement des liens entre les secteurs privés français et ivoiriens et la volonté de dynamiser les échanges commerciaux notamment à travers le développement de chaines de valeur, particulièrement dans le secteur agriculture, et la co-localisation.
Malgré un affaiblissement des parts de marché de la France en Afrique au profit essentiellement de la Chine, cette érosion se stabilise depuis quelques années alors que les positions de la Chine marquent une tendance à l’essoufflement. Le ministre a rappelé que si la part de l’Afrique subsaharienne dans le commerce extérieur français est limitée, elle représente néanmoins le double de notre moyenne mondiale. Pareillement la part de la France dans les échanges extérieurs de l’Afrique sub-saharienne sont supérieurs à sa performance au plan mondial. C’est dire la force et la vitalité des liens qui continuent à nous unir et qu’il y a lieu, à profit mutuel, de sauvegarder et développer. Dans ces échanges, la Côte d’Ivoire joue un rôle saillant : 2ème fournisseur et 2ème client de la France avec des niveaux proches de l’équilibre (1,1 Md EUR pour les ventes françaises et 0,9 Md en 2020). Et la France reste un de ses tout premiers investisseurs étrangers.
Signature de nouveaux protocoles d’accord dans le cadre du volet Résilience de Choose Africa
Ces protocoles destinés à soutenir les entreprises ivoiriennes impactées par la crise sanitaire ont été signés par le ministre, par Proparco, filiale de l’Agence Française de Développement (AFD) dédiée au secteur privé et, respectivement, par 3 établissements financiers de la place, une institution de microfinance, Advans-CI et deux banques Ecobank-CI et Société Ivoirienne de Banque (SIB). S’inscrivant dans le volet « Résilience » de l’initiative française Choose Africa, engagement de la France auprès de startups, TPE et PME en Afrique, ils prévoient des aides financières, notamment des facilités de partage de risques, sous formes de garanties de prêts octroyées par des banques locales. De tels partenariats avaient déjà été conclus avec la SGBCI en janvier dernier et avec NSIA Banque lors de la visite du ministre Bruno Lemaire en avril.
Une nouvelle visite de Jean-Yves Le Drian, les 9 et 10 juin
Familier de la Côte d’Ivoire pour s’y être déplacé à de nombreuses reprises, le ministre venait ce 10 juin inaugurer, aux côtés du Premier ministre, Patrick Achi et de son ministre de la défense, Téné Birahima Ouattara l’Académie Internationale de Lutte contre le terrorisme (AILCT) à Jacqueville, près d’Abidjan.
Il été reçu en audience par le président Alassane Ouattara pour évoquer les principaux sujets d’actualité de la relation bilatérale : sécurité régionale, en particulier, au Mali coopération économique (3ème Contrat de désendettement et de Développement, C2D), lutte contre le Covid-19, suivi du Sommet de Paris sur le financement des économies africaines (mai 2021), situation intérieure marquée par volonté de réconciliation nationale (retour du président Gbagbo).
Inauguration de l’Académie Internationale de Lutte contre le terrorisme (AILCT)
Annoncée en novembre 2017 par les présidents Emmanuel Macron et Alassane Ouattara en novembre 2017, concrétisée un an après par un séminaire international réunissant 35 pays, l’AILCT « doit devenir un pôle d’expertise et de compétence régional de la lutte contre le terrorisme au bénéfice de la stabilité de nos Etats et de la sécurité de nos populations » selon les mots du président ivoirien, « l’avant-garde de la riposte d’une Afrique de l’Ouest libre et consciente, spécialement entraînée et irrémédiablement déterminée à lutter contre les djihadistes » (Patrick Achi). Le ministre Le Drian a précisé que l’AILCT devait accueillir et former « policiers, militaires, gendarmes, magistrats ou encore douaniers et personnels des administrations pénitentiaires », mais serait « également un lieu d’échanges où ils pourront mettre en commun leur expérience et tisser des réseaux dont la valeur ajoutée ne manquera pas de se faire sentir en ces temps de crise. ». La coopération entre la France et la Côte d’Ivoire dans ce domaine de la sécurité est un enjeu géostratégique majeur, sachant que « le Sahel est la frontière sud de l’Europe et la frontière nord des États du golfe de Guinée ».
Construite sur 1 100 hectares de cocoteraies, à Jacqueville, aux portes d’Abidjan, l’AILCT permet d’accueillir trois stages de formation de 25 stagiaires en provenance des pays de la sous-région. Quelque 500 stagiaires y ont déjà été formés depuis 2017.
Participation du ministre le 10 juin à la signature d’une convention de financement de la première centrale électrique biomasse en Afrique, Biovea Energie
Le ministre était présent à la signature, à la Résidence de France, d’une convention de financement du projet entre Proparco (groupe AFD) et le fonds Emerging Africa Infrastructure Fund. L’accord de prêt porte sur un montant de 165 M EUR, accompagné d’une subvention de 13 M EUR.
Alimentée par les déchets de palmiers fournis par les plantations de PalmCI dans le sud du pays et celles des petits planteurs de la zone, Biovea Energie est un partenariat entre EDF, Meridiam et Biokala, filiale du groupe agro-industriel SIFCA. La construction de la centrale débutera en octobre prochaine pour une mise en service attendue en 2024.
Le ministre Frank Riester avec le ministre de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme, Bruno Nabagné Koné
Avec le ministre de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme, Bruno Nabagné Koné et le maire de Treichville, François Amichia
Avec le ministre de l’Économie et des Finances de Côte d’Ivoire, Adama Coulibaly et le DG de Bpifrance, Nicolas Dufourcq
Le ministre Frank Riester avec son homologue Roger Adom, en charge de l’Économie Numérique, des Télécommunications et de l’Innovation, et Denis Motte, président de la French Tech Abidjan
Le ministre Jean-Yves Le Drian avec le Président de la République de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara
L’Académie Internationale de Lutte contre le Terrorisme, Jacqueville, Côte d’Ivoire