Le ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, Bruno Le Maire, à Abidjan les 29 et 30 avril

Durant ces deux journées particulièrement denses, le ministre Bruno Le Maire à Abidjan, a rencontré les plus hauts dirigeants du pays. La relation forte qui unit les deux pays a été réaffirmée tandis que plusieurs grands projets d’infrastructures et accords de coopération ont été signés ou actés.

 

La préparation du prochain Sommet sur le financement des économies africaines, Paris, 18 mai 2021

Officiellement, ce séjour avait pour objet de préparer le Sommet sur le financement des économies africaines qui se tiendra à Paris le 18 mai prochain et d’inviter le président Alassane Ouattara à y participer.

 

L’affirmation de l’appui de la France à la Côte d’Ivoire

 Préparée depuis le début de l’année par l’ambassadeur de France à Abidjan, Jean-Christophe Belliard, et ses équipes, la visite a été l’occasion, pour le ministre Le Maire,  de réaffirmer l’appui fort de la France à la Côte d’Ivoire et à son président, Alassane Ouattara, nouvellement réélu : « Voilà, cher Alassane, nous avons été impressionnés par la manière dont tu as su réconcilier les Ivoiriens, traverser une période politique difficile, avec beaucoup de constance, beaucoup de détermination, et beaucoup de sagesse. ». La situation sécuritaire a aussi été évoquée, à un moment où la pression djihadiste s’accentue sur les pays sub-sahéliens, parmi lesquels la Côte d’Ivoire, territoire clé de la sous-région (près de 1/3 du PIB des 8 pays de l’UEMOA et l’accès maritime des pays enclavés).

 

Un renforcement de la coopération économique, financière et commerciale entre les deux pays

Mais l’essentiel des deux journées menées à pas de charge a été consacré à la coopération économique, financière et commerciale entre les deux pays.

On rappellera que la Côte d’Ivoire demeure le 1er partenaire économique de la France dans la zone CFA. Plus de 20 000 compatriotes y résident, 700 entreprises françaises de droit local ou filiales de PME comme de grands groupes y sont installées. Les exportations françaises s’élèvent 1,2 milliard € et les importations à plus de 900 millions . Mais la part de marché de la France s’érode face à une concurrence qui s’avive et s’élargit, tant du Nord  que de l’Est, de l’Asie, du Moyen Orient et du propre continent africain (Maroc)

Des rencontres aux plus hauts niveaux de l’État et du secteur privé

La délégation qui accompagnait le ministre, restreinte du fait de l’impératif sanitaire était composée du directeur général du Trésor public, Emmanuel Moulin, du responsable Afrique subsaharienne, Paul Teboul. Du côté ivoirien, outre le chef de l’État Alassane Ouattara, ont été rencontrés le Premier ministre Patrick Achi, ainsi que les ministres Adama Coulibaly (Économie et Finances), Amadou Koné (Transports), Amédée Koffi Kouakou (Équipement et Entretien routier), Moussa Sango (Budget). Le ministre s’est également s’entretenu avec quelques membres de la communauté d’affaires française, notamment Conseillers du commerce extérieur de la France.

 

De grands projets d’infrastructures et des programmes de coopération signé ou actés

Plusieurs grands projets d’infrastructures et accords de coopération ont été discutés, certains signés lors de cette visite. Les principaux sont listés ci-dessous.

L’extension de l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny situé à Port-Bouët (Abidjan), contrat remporté par le groupe Bouygues

Le lancement des travaux a été signé le 29 avril avec le Ministre ivoirien des Transports, Amadou Koné et celui de l’Économie et des Finances, Adama Coulibaly, en présence également du Ministre ivoirien du Budget et du Portefeuille de l’État, Moussa Sanogo. Cette extension permettra de porter la capacité annuelle de l’aéroport de 2 à 5 millions de passagers d’ici 2025 et de renforcer sa position de hub sous-régional. A l’horizon 2030, il devrait franchir le cap des 10 millions.

La première ligne du métro d’Abidjan

 Cet important chantier devant desservir les communes les plus peuplées au Nord et les zones d’activité industrielles et commerciales au Sud – Ligne 1 de 37,4 km dont 30 sur la plateforme ferroviaire Sitarail existante dotée de 20 stations – a été confié à un groupement d’entreprises conduit par Bouygues (Colas Rail, Alstom, Keolis SA, filiale de la SNCF) pour un montant de 1,36 milliard €. Le démarrage du projet ne cesse de subir depuis 2018 des retards du fait des négociations financières et de la difficile mise à disposition des terrains dans une zone très peuplée nécessitant de délicates expropriations et « déguerpissements ». M. Le Maire s’est rendu sur une portion du futur tracé en compagnie du ministre du ministre ivoirien de l’Équipement Amedé Kouakou. La Côte d’Ivoire s’est engagée à accélérer le lancement du chantier.

La 3ème phase du contrat de désendettement et de développement (C2D), axe majeur de la coopération bilatérale

 Le C2D, mécanisme de refinancement par dons des échéances de dettes dues à la France, a été mis en place en 2012. Dans ce cadre, les remboursements de la dette effectués par la Côte d’Ivoire à l’égard de la France sont reversés par cette dernière dans le compte C2D à la BCEAO. Le premier a couvert la période 2012-2015 (630 M €), le 2ème, pour un montant de 1,1 Md €, s’est achevé en 2020. Ces sommes ont été mobilisées pour la mise en œuvre de programmes socio-économiques dans divers secteurs, notamment l’éducation, la formation et l’emploi, la santé, l’agriculture, le développement rural et urbain, l’assainissement, les infrastructures routières et la justice.

Le 3ème C2D a pour objet de consolider les programmes précédents en prenant en compte les priorités du nouveau Plan National de Développement (PND 2021-2025). Il interviendra plus particulièrement dans les domaines de la santé, de l’eau potable et de la formation. Le ministre Bruno Le Maire a donc échangé avec son homologue ivoirien, Adama Coulibaly sur ce 3ème volet du C2D, notant que la Côte d’Ivoire, un pays clé pour la stabilité et le développement de la région, a mieux résisté à la crise déclenchée par la pandémie Covid-19 que d’autres.

L’appui à la filière agro, pilier de l’économie ivoirienne, par l’Agence Française de développement (AFD)

Coton…

Le ministre Le Maire, avec deux de ses homologues, Adama Coulibaly Moussa Sanogo respectivement ministre de l’Économie et des Finances et ministre du Budget et du Portefeuille de l’État ont acté une convention de crédit d’un montant de 40 M € de l’AFD à la filière cotonnière (projet d’appui à la Résilience des Systèmes Cotonniers du Nord de la Côte d’Ivoire, RESCO). Il sera exécuté en partenariat public-privé par Intercoton, première interprofession de Côte d’ivoire, sous maîtrise d’ouvrage du Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural. Le projet prévoit des infrastructures (routes rurales, équipements de stockage et de transformation), le renforcement de la recherche et du conseil agricole, ainsi que l’appui à la structuration des coopératives et de leurs organisations. Selon les termes de ce contrat, ces actions bénéficieront directement à plus de 120.000 exploitations agricoles et au-delà à l’ensemble des acteurs de la filière. Celle-ci, place la Côte d’Ivoire au 2ème rang africain de production de coton graine.

Agriculture et développement rural…

Plus globalement, ce financement renforce le soutien de la France, au travers de l’AFD, à l’agriculture et au développement rural de Côte d’Ivoire en cohérence avec les priorités du Programme National d’Investissement Agricole (PNIA 2).

Priorité stratégique : industrialisation locale des ressources …

Le ministre Le Maire a insisté sur la concordance stratégique des deux pays dans le développement de la Côte d’Ivoire, à savoir créer de la valeur localement par la transformation des ressources du pays sur place, sources d’emplois, de croissance et de moindre dépendance de la fluctuation des cours.

Le cacao

Il a salué les progrès réalisés dans la transformation d’une autre ressource locale, le cacao dont la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial, annonçant que la France contribuera à l’appui à une industrie agroalimentaire valorisant le cacao.

 

Autres soutiens du groupe AFD/Proparco

Appui aux PME et TPE impactées par la crise Covid-19

Le ministre français était également présent, en compagnie du Premier Ministre ivoirien à la signature d’un nouveau partenariat, entre Proparco, filiale de l’AFD, et NSIA Banque, pour financer les entreprises ivoiriennes impactées par la pandémie. Elle permettra à la banque ivoirienne d’accorder à des PME des prêts garantis à 80% par l’AFD.

Proparco avait déjà, en décembre dernier, signé un partenariat de la même portée avec la SGBCI, filiale ivoirienne de la Société Générale. Ces appuis s’inscrivent dans l’initiative Choose Africa lancée en 2019 (cf. notre article Actualités du 31 janvier dernier)

La France, 1er bailleur bilatérale de la Côte d’Ivoire

On rappellera que le groupe AFD, partenaire technique et financier de premier plan de la Côte d’Ivoire, a engagé, dans la période 2011-2018, 3,2 Mds € correspondant à quelque 70 projets et programmes, positionnant la France comme le 1er bailleur bilatéral du pays.

 

Jean Dollé