Après la visite du président de l’Union Africaine, Macky Sall, en Russie le 3 juin, une visioconférence le 20 juin entre le président ukrainien et le bureau élargi de l’UA : l’Afrique maintient une position non-alignée prudente, gravement affectée par les difficultés d’approvisionnement en céréales et engrais dont elle dépend.

A la suite de la visite le 3 juin en Russie, du président du Sénégal Macky Sall, également président en exercice de l’UA, une visioconférence à huis-clos a eu lieu le 20 juin entre le président Zelensky et le bureau élargi de l’UA, comprenant le président de l’UA, le président de la commission de l’UA et des ambassadeurs accrédités.

Une participation africaine réduite

De source interne, tous les chefs d’État du continent étaient invités mais seulement 4 d’entre eux dont Macky Sall ont participé depuis leurs pays respectifs, Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire), Mohammed el-Menfi (Libye) et Denis Sassou Nguesso (Congo). Les autres étaient représentés par des ministres des affaires étrangères ou des ambassadeurs.

Une solidarité prudente en faveur de la cause ukrainienne

Par volonté de manifester une certaine neutralité et aussi de préserver les liens avec la Russie, commerciaux, militaires voire ceux hérités de la guerre froide, l’Afrique reste prudente dans sa mobilisation pour la cause ukrainienne. Près de la moitié des 54 pays du continent s’est abstenue lors des votes à l’Assemblée générale de l’ONU contre l’agression russe en mars, l’Afrique du Sud en tête.  La tendance a été la même le 7 avril,  lorsque l’Assemblée générale a voté la suspension de la Russie du Conseil des droits de l’homme. Or l’Afrique qui compte pour un quart des votes de cette Assemblée représente un enjeu d’importance pour chacune des deux parties.

Avec 10 ambassades en Afrique, l’Ukraine n’a pas l’influence de la Russie, puissance militaire mondiale, présente par un quarantaine de missions diplomatiques et par ailleurs, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies. On notera que le Cameroun a signé le mois dernier un nouvel accord de coopération militaire de 5 ans avec la Russie. Enfin, les chefs d’Etat africains tiennent compte de la montée des sentiments anti-occidentaux de leurs opinions publiques.

Le président Zelinsky exhorte les Africains à se mobiliser aux côtés de l’Ukraine et renforcer les liens

Le président Zelensky a donc tenté d’obtenir un engagement plus fort des pays africains. « L’Afrique est otage de ceux qui ont commencé la guerre contre notre État ». Il a proposé le renforcement des relations après la guerre, la nomination d’un envoyé spécial ukrainien pour l’Afrique ou encore la tenue d’une grande conférence Afrique-Ukraine.

L’Afrique  essentiellement préoccupée par la résolution de la grave crise alimentaire engendrée par l’arrêt des exportations de céréales et engrais des 2 belligérants

De son côté, l’UA s’en est tenue à sa position de non-alignement, appelant à une désescalade du conflit.

Elle est essentiellement préoccupée par les difficultés d’acheminement des céréales et engrais, russes et ukrainiens du fait en grande partie du blocus du port d’Odessa. Sa forte dépendance de ces produits (30% du blé provient de ces deux pays, plus de de 50% pour 14 d’entre eux) entraine une crise alimentaire sans précédent. « La déstabilisation de l’Afrique pour cause de famine, c’est aussi important que l’issue de la guerre en Ukraine », a déclaré le président sénégalais.

Le président ukrainien s’est voulu rassurant, annonçant que des voies alternatives étaient étudiées pour les exportations, exhortant les Africain à ne répondre au chantage russe.