Une communauté francophone d’affaires lancée aux Rencontres des Entrepreneurs de France (REF), l’Université d’été du MEDEF les 24-25 août 2021 : « LaREF Francophone »

 

L’international par la francophonie au centre des Rencontres du Medef de cet été

Au premier jour de son université d’été, tenue cette année de pandémie, à l’air libre, à l’hippodrome Paris Longchamp les 24-26 août, le patronat français, MEDEF (Mouvement des Entreprises Françaises) a choisi de mettre en avant l’ouverture internationale de la France en invitant ses homologues du monde francophone ainsi que des personnalités de premier plan venues de 4 continents. Un objectif : sceller une communauté d’affaires avec le français comme vecteur. L’enjeu est de taille, sachant que  l’exportation était restée le premier moteur de développement des ETI et PME françaises pendant la crise, avec 66 % de leur croissance.

Réuni pour la 3ème édition sous le sigle de Rencontre des Entrepreneurs de France (LaREF), l’évènement a donné lieu, à l’issue de la 2ème journée, à une annonce commune, pour le moment simple déclaration d’intention, la Déclaration de Paris sur le Renforcement de la Francophonie Économique (LaREF Francophone), signé par les représentants de 25 organisations patronales nationales dont 11 africaines.

 

Une participation inédite de délégations patronales du monde francophone

Au total, 27 délégations étaient présentes, soit 600 dirigeants d’entreprises, en provenance d’Europe (Belgique, Luxembourg, Suisse, Monaco) et, pour 450 d’entre eux, de 3 autres continents : Amérique (Québec), Moyen-Orient (Liban) et Afrique. Ce dernier constituait la majorité des participants, près de 400, venus de 18 pays : Algérie, Maroc, Tunisie, Bénin, Cameroun, Congo-Brazzaville, Côte d’Ivoire, Djibouti, Gabon, Guinée, Madagascar, Maurice, Mauritanie, Niger, RDC, Sénégal, Tchad, Togo.

Les autorités françaises ont pleinement soutenu l’initiative du Medef, notamment en facilitant la délivrance des visas. Les ministres Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat en charge du Tourisme, des français de l’étranger et de la francophonie et Franck Riester ministre délégué au Commerce extérieur et à l’attractivité sont intervenus lors de la première journée. A noter aussi la présence du Président de la République de Madagascar, Andry Rajoelina.

 

Les secteurs clés des enjeux économiques actuels et à venir

Représentés par des dirigeants de grandes entreprises et objet pour certains de tables rondes, ils déployaient l’éventail des domaines prioritaires :  industrie, agro-industrie, grands projets, énergie, dont renouvelable, numérique, transition climatique, développement des villes, logistique transport… On citera parmi les personnalités, Ahmadou Bakayoko, DG de la Compagnie ivoirienne d’électricité, Abdou Aziz Fall, conseiller du DG de la Senelec (Sénégal), Jean-Marie Ackah, PDG de Sipra (Société ivoirienne de productions animales), Rodolphe Saadé, PDG de CMA-CGM.

 

Une langue commune, un atout stratégique pour les pays qui la partagent face une forte et agressive concurrence 

Ce projet, stratégique face à une concurrence mondialisée, anglo-saxonne, asiatique, russe, turque…et du propre  continent africain (Maroc) s’inscrit dans l’appel du Président Macron à un « New Deal » pour l’Afrique, lors du sommet sur le financement de la dette africaine, en mai dernier à Paris, encouragé par des demandes d’autres pays, notamment africains, comme le Sénégal et la Côte d’Ivoire. On rappellera qu’à la REF Medef de l’année dernière, le Président Macky Sall avait ainsi souligné les avantages de la francophonie, en regrettant son peu de contenu, contrairement au Commonwealth anglophone.

Ce potentiel se fonde sur l’affirmation que le partage d’une langue commune stimulerait les flux commerciaux d’environ 33%, selon un rapport de l’Observatoire de la francophonie (2016), antenne de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Celle-ci faisait valoir que les bénéfices de la Francophonie restent flous et mal établis alors même que les 88 États membres qui la composent contribuent à plus de 16% du PIB mondial, avec un taux de croissance moyen hors pandémie avoisinant +7% par an.

 

« L’Afrique sera demain le poumon et le cœur du monde francophone » (Patrick Achi, PM de Côte d’Ivoire)

La population francophone s’élève ainsi 300 millions dont 235 millions de locuteurs « parfaits ». Ils seront 820 millions en 2050, sous la poussée démographique du continent africain qui en compose déjà la majorité (60%) : 90 % francophones âgés de 15 à 30 ans vivront alors en Afrique ! La RDC (République démocratique du Congo) a déjà ravi à la France le rang de 1er pays francophone. La langue française  pourrait bien devenir la 1ère langue parlée à l’horizon 2050…

L’Afrique apparaît ainsi, par son gisement francophone conjuguée à sa démographie qui doublera d’ici 2050 pour atteindre le ¼ de la population mondiale et à son potentiel de marché encore largement inexploité comme une chance pour l’ensemble des pays partageant la langue française, en premier lieu la France.

 

Le plaidoyer du Premier Ministre de Côte d’Ivoire

Le premier ministre de la Côte d’Ivoire, Patrick Achi, dans un vibrant plaidoyer pro-francophone, après avoir déploré le peu d’allant de cet espace commun dans ces dernières décennies, en a dessiné les considérables perspectives, au bénéfice mutuel de ses membres. Au cours des 20 dernières années, si les exportations françaises vers le continent ont doublé, la demande adressée par l’Afrique à l’extérieur a elle quadruplé…En clair, la part de marché de marché de la France a décliné de 12 à 7%. Elle reste pourtant 3 fois plus élevée que notre part de marché mondial.

Force est de constater, qu’à l’inverse du Commonwealth (littéralement « Richesse Commune »), la Francophonie a été définie « par la culture, avant de valoriser des relations économiques durables, profitables et équitables ». C’est cette révolution qui doit être entreprise. Aussi, après avoir repris le mot d’Albert Camus – « J’ai une patrie, la langue française » – le premier ministre ivoirien énonce ses 4 convictions impératives pour bâtir cette francophonie économique, devenue « une nécessité absolue » :

  1. L’Afrique change, c’est l’avenir en marche
  2. Ne soyez plus timides
  3. Bâtir la francophonie économique sur des projets
  4. Nos destins sont définitivement liés : « N’oublions jamais que seuls 14 km séparent nos deux continents qui, en réalité, n’en font qu’un seul. Nos destins sont liés. Nos défis sont vos enjeux. Nos menaces, vos périls. Et nos succès, les vôtres. »

Au-delà même des enjeux Europe/Afrique, il affirme notre responsabilité commune au plan planétaire : « Nul ne l’ignore, le bassin du Congo est le deuxième massif forestier tropical, après l’Amazonie. Avec ses 3 millions de km2 partagés entre 6 nations membres de la Francophonie, il est le poumon droit de notre Terre. Sans lui, et donc sans un développement équilibré de ces États, nous n’aurons plus jamais collectivement le même avenir. » En résumé, « nous sommes, au sein du monde francophone, aussi interdépendants pour notre avenir que les Européens pouvaient l’être en 1945. »

 

Les prochaines échéances

 

  • En 2021
    • après une première rencontre le 25 août, au moment de la REF Medef, 2 autres Rendez-vous d’affaires en ligne auront lieu les 21 septembre (L’entrepreneuriat de croissance : quelles opportunités de financement ?) et le 4 novembre (Économie numérique et intelligence artificielle : le défi des compétences)
    • Le Forum économique de la Francophonie, en marge du XVIIIème Sommet de la Francophonie, Conférence des chefs d’État et de gouvernement des pays ayant le français en partage. Il se tiendra les 20 et 21 novembre prochains à Djerba, Tunisie avec pour objectif d’ouvrir l’espace francophone à la relance économique post-Covid et de développer des synergies d’affaires : Quelles nouvelles opportunités pour des échanges économiques et commerciaux diversifiés ? Quelles solutions pour accompagner les entreprises en croissance ? Quelles réponses au défi du numérique pour une employabilité efficace ?
  • En 2022
    • Le Premier ministre ivoirien, Patrick Achi, propose que se tienne à Abidjan la 2ème édition de cette désormais plateforme permanente de dialogue et de coordination des patronats francophones, inscrite dans la Déclaration de Paris du 25 août.

Patrick Achi, PM de Côte d’Ivoire aux Rencontres du Medef, Paris, 24 août 2021

La francophonie dans le monde

Evolution du nombre de francophones 2000-2050 (estimation 2008 minorée)

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DECLARATION FRANCOPHONIE-SIGNEE

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