Un nouveau bien culturel africain au Patrimoine mondial de l’Unesco : la rumba congolaise

Après les mosquées de style soudanais du nord de la Côte d’Ivoire en juillet dernier, une musique, la rumba, pratiquée dans sa version moderne depuis les années 30 mais aux origines beaucoup plus anciennes, a été inscrite le 14 décembre au Patrimoine immatériel de l’humanité.

 

Une musique qui plonge ses racines dans l’ancien royaume Kongo, retraçant les vicissitudes de l’histoire, entre Amériques, Europe et Afrique

Ce style musical apparait il y a près de 500 ans dans l’ancien royaume Kongo, sur la côte ouest de l’Afrique centrale. On y pratiquait une danse, appelée Nkumba, nombril contre nombril, connue aujourd’hui sous le nom de « collé-serré ». Emmenée dans les Amériques par les esclaves, en même temps que leur culture et leur musique, elle s’y est développée, enrichie par des instruments rudimentaires au début, plus sophistiqués ensuite. Elle a ainsi donné naissance à la rumba au sud (comme au jazz, au nord). Ramenée en Afrique dans les premières décennies du 20ème siècle, elle s’est mêlée à la rumba cubaine des années 1930, à la musique caribéenne, latine et afro-américaine. A noter que la rumba cubaine est inscrite depuis 2016 au même patrimoine de l’humanité.  C’est dans les années 40 que la rumba congolaise a acquis son identité.

Selon Audrey Azoulay, directrice générale de l’Unesco : « Il y a tout un ensemble de valeurs, d’histoire, de mémoire, qui sont portés par cette musique. On est au-delà de l’esthétique, on est au-delà de l’émotion, et c’était important que la communauté internationale le reconnaisse. »

 

La rumba congolaise, un genre musical et une danse populaire, représentative de l’identité du peuple congolais

C’est une musique des villes et des bars, aux accents nostalgiques et de résistance, avec des phrases qui tournent en boucle, à partir de deux instruments de base, la guitare et la basse, autour des tambours et des percussions. Un mode de vie jusque dans ses codes vestimentaires (« la sape ») dans les deux Congos, où elle a marqué l’histoire politique, avant et après l’indépendance. Elle est aussi jouée lors de célébrations et de jours de deuil, à la fois dans les espaces publics, privés et religieux. Par le gramophone, puis la radio et ensuite la télévision, elle devient populaire dans toute l’Afrique subsaharienne.

La note de nomination de l’Unesco précise que la rumba « est considérée comme une partie essentielle et représentative de l’identité du peuple congolais et de ses populations de la diaspora. Elle permet également la transmission de valeurs sociales et culturelles de la région, mais aussi la promotion d’une cohésion sociale, intergénérationnelle et solidaire. »

 

Une candidature portée par les deux pays, République démocratique du Congo (RDC, Kinshasa) et République du Congo, Brazzaville), à résonance panafricaine

L’inscription, parmi une soixantaine de candidatures présentées, a été attribuée aux deux pays qui n’avaient pas ménagé leurs efforts pour obtenir cette consécration : une Commission mixte RDC-Congo avait été créée à cet effet. Aussi ont-il célébré en commun l’évènement : « Ce joyau culturel propre aux deux Congos est reconnu pour sa valeur universelle » a twitté le président de la RDC, Félix Tshisekedi. « La rumba, c’est notre identité ! Sa reconnaissance internationale est une fierté et une richesse », a commenté à Kinshasa Catherine Furaha, ministre de la Culture, des Arts et du Patrimoine ». « La rumba est le trait d’union entre les deux rives du fleuve Congo », a renchéri à Brazzaville Jacques Iloki, vice-président de l’Association des peintres du Congo.

Au-delà des frontières des deux Congos, c’est l’ensemble de l’Afrique qui a fait sienne cette récompense. Ainsi A’Salfo, du groupe ivoirien Magic System, a salué « la consécration d’une musique intergénérationnelle qui a su donner à l’Afrique toute la quintessence des sonorités des bords du fleuve Congo ».

 

A écouter, à voir

La rumba congolaise, Africanews (2.14 mn)

https://information.tv5monde.com/video/unesco-la-rumba-congolaise-inscrite-au-patrimoine-culturel  (3.08mn)

La rumba congolaise (Unesco, 10 mn)

 

 

Sources : Unesco, Wikipédia, RFI, Le Point