Sommet de chefs d’État africains à Abidjan le 15 juillet : pour un rehaussement anticipé à 100 milliards USD des financements de l’Association Internationale de développement (IDA), un fonds de la Banque mondiale

Un Sommet à l’initiative du Président de la Côte d’Ivoire et de la Banque mondiale

Abidjan a a accueilli le 15 juillet un Sommet de chefs d’État et de gouvernement du continent, organisé, à huis clos, à l’initiative du Président Alassane Ouattara et de la Banque Mondiale. Une quinzaine de chefs d’État et de gouvernement y ont participé, dont parmi eux, les présidents du Niger, de Madagascar et du Rwanda, ainsi que les directeurs des Opérations de la Banque Mondiale, Axel van Trotsenburg et de la Société Financière Internationale (SFI), filiale de la Banque mondiale, Makhtar Diop.

 

Dans le cadre de la reconstitution des ressources de l’Association Internationale de Développement (IDA)

Cette importante réunion se tenait en effet dans le cadre de la 20ème reconstitution des ressources de l’Association internationale de développement (IDA-20), un fond de la Banque mondiale visant à accorder des prêts et des subventions à taux zéro ou faible aux pays pauvres ou en voie de développement afin de stimuler la croissance. Il est alimenté tous les trois ans par les pays riches, au bénéfice de 74 pays pauvres ou en développement dont plus de la moitié (39) se trouvent sur en Afrique.

Depuis sa création en 1960, l’IDA a fourni près de 422 milliards de dollars pour financer des investissements dans 114 pays.

 

Rehausser les ressources de l’IDA au profit des pays en développement affectés par la pandémie COVID en anticipant le cycle prévu

Cette reconstitution des ressources IDA devait se tenir en 2022 mais a été avancée face à l’urgence de la situation sanitaire, qui a provoqué la première récession économique en Afrique depuis 25 ans.

Le Sommet avait donc pour objectif d’évaluer un ensemble de mesures stratégiques et financières à mettre en œuvre pour accompagner le redressement des pays touchés par la pandémie de COVID-19 et leur transition vers un développement vert, résilient et inclusif. Quels secteurs faut-il privilégier et comment favoriser les créations d’emplois ?

Le président Ouattara a énoncé le constat : « l’Afrique subsaharienne a connu, en 2020, (…), sa contreperformance la plus importante jamais enregistrée, avec un taux de croissance négatif de 1,9%, et une augmentation de 32 millions du nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté ».

La priorité immédiate : accélérer la fourniture des doses de vaccins

Dans l’immédiat, la priorité absolue, ainsi que formulée par le directeur général des opérations de la Banque mondiale est de fournir au continent 400 millions de doses de vaccins anti-Covid avant la fin de l’année : « Seul 1% de la population africaine a été vaccinée, c’est totalement inacceptable. À la Banque mondiale, nous avons salué l’initiative de l’Union africaine de cibler un objectif de 40% de la population vaccinée d’ici la fin de l’année et 60% d’ici le milieu de l’an prochain. Mais nous en sommes loin parce que le financement manquait. Nous sommes en partenariat avec l’Union africaine et avons assuré pouvoir couvrir la totalité de ce financement. » Le président ivoirien a fait valoir le retard pris par l’Afrique et la menace qui s’en suit pour l’ensemble de la planète :« moins de 3% de la population totale en Afrique, a reçu une première dose de vaccin, contre environ 54% aux États-Unis et dans l’Union Européenne ».

Malgré les efforts des partenaires internationaux et les initiatives propres prises par les pays africains pour contenir les effets de la pandémie, « beaucoup reste à faire pour surmonter cette crise », a estimé M. Ouattara en appelant à la « solidarité indispensable pour le bien de tous et pour combattre les divergences entre les régions du monde ».

 

La « Déclaration d’Abidjan » : porter à 100 milliards USD les ressources IDA

Une annonce commune baptisée « Déclaration d’Abidjan » a conclu le Sommet, demandant un rehaussement du fonds de l’IDA-20 de 82 à 100 milliards USD sur les trois prochaines années, entre juin 2022 et juin 2025. La contribution des donateurs devrait intervenird’ici à décembre prochain.

On rappellera que Le FMI a estimé le besoin de financement en Afrique subsaharienne à 285 milliards USD sur les cinq prochaines années, pour lutter contre la pandémie de COVID-19, le dérèglement climatique, et accélérer la reprise économique.

 

A la suite du Sommet de Paris sur le financement des économies africaines

Le sommet fait suite à celui de Paris, le 28 mai dernier, préparé depuis des mois par la France, sur le financement des économies africaines. Il avait permis de débattre de questions essentielles pour l’Afrique et la planète et d’avancer sur certaines d’entre elles, même s’il n’a pas abouti sur un « New Deal », comme pouvait l’espérer le président Emmanuel Macron : lutte contre la pandémie, allocation de Droits de Tirage spéciaux du FMI, allègement de la dette, rôle des pays partenaires dont la Chine, accords bilatéraux en marge…  Il avait rassemblé 21 chefs d’État et de gouvernement africains ainsi que plusieurs responsables d’organisations continentales (Union africaine, BAD…) et internationales (Union européenne, FMI…). Ce sommet qui a favorisé, comme celui d’Abidjan, nombre d’entretiens bilatéraux aux plus hauts niveaux en marge de l’événement, avait affirmé le rôle de la France dans son soutien à l’Afrique, à un moment où la pandémie tend à replier les pays les plus riches sur leurs enjeux internes.

 

Sommet de Paris, 28 mai 2021