La formation en Afrique, au cœur de la bataille contre la crise : de nouveaux partenariats avec la France

La crise, vecteur d’accélération de l’émergence ?

Un effet bénéfique de la crise Covid-19 est une mobilisation foisonnante des pays africains et de leurs partenaires, la France en premier lieu, pour accélérer les changements engagés dans les domaines clés de l’émergence. Ils sont bien connus mais le rythme de leurs avancées est lent, insuffisant face au retard et à l’explosion démographique. Parmi les évolutions essentielles, peuvent être cités :

  • Le renforcement de la transformation locale, source de valeur ajoutée et de moindre dépendance aux chocs externes ;
  • L’exploitation durable des ressources ;
  • L’accroissement de la production d’énergie, avec un mix privilégiant le renouvelable,  priorité tant pour le décollage industriel que pour la satisfaction des besoins de base des populations ;
  • Le maillage et la consolidation des infrastructures de transport et de santé;
  • L’intégration régionale ;
  • Le développement de l’économie numérique (leap-frog), conjuguée à celle du secteur privé, notamment des start-up (innovation) ;
  • La maîtrise de la vive expansion urbaine, conséquence de l’exode rural et de la poussée démographique…
  • Et – last but not least – l’éducation et la formation.

 

Un retard en formation difficile à combler…

Un seul exemple illustrera le retard : selon le classement 2021 du consultant britannique Quacquarelli Symonds ( classement 2021) seules 11 universités africaines sont représentées dans le classement 2021 des 1000 meilleurs établissements mondiaux, en baisse par rapport à 2019 (17) et 2020 (13), de surcroît toutes concentrées dans 2 seuls pays, Afrique du Sud et Égypte. Ce classement est pertinent, les critères retenus correspondant aux objectifs concrets à la fois de qualité de l’enseignement et d’insertion dans le monde professionnel : réputation académique ; employabilité des diplômés ; ratios étudiants-professeurs, professeurs, étudiants internationaux, publications scientifiques. Le défi est immense, sachant que, chaque année, le continent doit générer 12 à 15 millions d’emplois, avec une population qui doublera d’ici 2050, pour passer de 17% à 25% du total mondial.

 

De nouveaux partenariats avec la France

La multiplication des initiatives en matière de formation, aiguisée par l’urgence, confirme pourtant la prise de conscience par tous les acteurs de la priorité de ces enjeux.  Elles permettent d’espérer un rattrapage. Plusieurs projets ont été ainsi récemment lancés avec des partenaires français :

  • HEC Paris, déjà présent dans plusieurs pays, annonce le lancement du Hacking Covid-19. Sa vocation est de mobiliser les porteurs de projets et autres intervenants de tous secteurs pour réfléchir ensemble à l’après-crise en Afrique et proposer des solutions innovantes. Un premier évènement en ligne s’est tenu du 19 au 21 juin. Né de la collaboration d’un groupe d’étudiants et de jeunes diplômés d’HEC Paris, il est soutenu par des partenaires académiques d’HEC : l’Université Mohammed VI Polytechnique au Maroc, l’Institut National Polytechnique Félix Houphouët-Boigny en Côte d’Ivoire et la Business School de l’Université du Cap en Afrique du Sud. Plusieurs entreprises implantées sur le continent accompagnent le projet telles Orange, KPMG, VISA, Huawei Northern Africa… ;

 

  • La BCEAO (Banque Centrale des États d’Afrique de l’Ouest), a également renforcé ses liens avec HEC Paris, en mettant en place une offre de formations digitales destinées aux banques membres, adaptées aux enjeux de la crise actuelle. Ces programmes, entièrement en ligne, ont été lancés le 18 juin, en présence du gouverneur de la Banque régionale, M. Tiémoko Meyliet Koné, réunissant plus de 1000 participants. Les premiers webinaires, proposés par le Centre Ouest Africain de Formation et d’Études Bancaires (COFEB) auront lieu les 26 juin et 8 juillet, avec pour thème « L’impact de la crise Covid-19 sur les Banques Africaines ». On rappellera que depuis 2013, quelque 400 dirigeants ont suivi ces programmes certifiants en management bancaire et ressources humaines (https://www.bceao.int/fr/content/centre-ouest-africain-de-formation-et-detudes-bancaires-cofeb).

 

  • De son côté, L’Université virtuelle du Sénégal a signé un partenariat pour la promotion et le développement de la formation à distance avec deux institutions françaises: le Réseau international des tiers-lieux d’enseignement supérieur (RITLES), une association ayant pour but la promotion des études supérieures à distance  (Digital Académie) et le Centre national d’enseignement à distance (CNED), l’établissement public français spécialisé dans l’enseignement à distance (CNED Afrique).  Le partenariat conclu pour trois ans a pour objet la promotion et le développement de la formation à distance au Sénégal dans de mini-campus universitaires, dénommés tiers-lieux d’enseignement supérieur. Les formations seront validées par des diplômes français, avec en projet des équivalences entre diplômes français et sénégalais. Elles permettront ainsi de s’effectuer sans quitter le pays.

 

Le CNED dans le monde: 50% des inscrits en Afrique

 

Sources : HEC Paris, CNED, RITLES, BCEAO, COFEB, UVS,  INPHB, Ecofin