Inauguration à Korhogo de la 1ère zone industrielle dédiée à la noix de cajou: la Côte d’Ivoire devient le 1er producteur mondial de noix de cajou et le 3ème transformateur

 

Composé de quelque 410 000 producteurs ivoiriens sur une superficie d’environ 1,4 M ha le secteur représente un chiffre d’affaires de plus de 600 milliards FCFA par an (près de 1 Md €), fournissant un revenu annuel de plus de 300 milliards FCFA .

La Côte d’Ivoire, 1er producteur mondial de noix de cajou

Avec quelque 1,2 MT en 2022, la production de noix brutes a presque triplé en une décennie (400 000 T en 2011), soutenue par une  politique volontariste de promotion auprès de ses agriculteurs.

Le pays s’affiche donc comme le 1er producteur mondial pour deux de ses produits phares, le cacao, depuis 1977 (40% des volumes mondiaux) et maintenant la noix de cajou (anacarde), avec pour chacun d’eux en corollaire le même objectif, celui de sa transformation industrielle, au cœur de la stratégie nationale de développement, axée sur l’accroissement de la  valeur ajoutée, l’équilibre dans la répartition géographique des ressources (ici les zones rurales du nord et du centre) et l’emploi.

 

Elle devient également le 2ème exportateur mondial

Elle devient ainsi le 2ème exportateur mondial, après le Vietnam et devant l’Inde et le Brésil. On notera que 3 pays asiatiques – Inde, Vietnam et Cambodge – représentent 45% de la production mondiale de cajou avec 90% de cette production qui est transformée localement.

 

L’objectif : la transformation industrielle du produit

La Côte d’Ivoire compte déjà une trentaine d’unités de transformation d’une capacité de 350 000 T et lance des zones agro-industrielles dédiés, dans le nord et le centre du pays, zones de production de l’amande. La première, dans le village de Klokakaha, à Korhogo a été inaugurée ce 23 septembre par le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, M. Kobenan Kouassi Adjoumani. S’étendant sur 28ha avec une capacité de traitement de 70 à 80 mille T/an, elle devrait permettre de générer, selon le directeur général du Conseil coton-anacarde, Dr Adama Coulibaly, « plus de 8000 emplois directs, dont 60% reviendront aux femmes ».  Les autres zones en projet sont prévues à Bondoukou, Séguéla et plus tard à Bouaké, la métropole du centre du pays, pour une capacité supplémentaire de 150.000 tonnes.

Pour accompagner l’effort de transformation, un Centre d’innovations et de technologies de l’anacarde (CITA) a été créé 1er octobre 2020 à Yamoussoukro.

Avec un taux de plus de 21% qui devrait atteindre 28% lors de la prochaine campagne, la Côte d’Ivoire se hisse au 3ème rang mondial, après le Vietnam et l’Inde.

Avant l’aide de ses partenaires extérieurs, notamment la Banque Mondiale

La Banque Mondiale a concédé en 2018 un prêt de 200 millions USD pour la mise en œuvre d’un projet de promotion de la compétitivité de la chaîne de valeur de l’anacarde (PPCA) dont l’une des actions prioritaires est l’installation des zones agro-industrielles citées.

Un environnement cependant difficile marqué une demande extérieure en chute

 La demande mondiale de noix de cajou, consommées en marge des repas ou utilisées pour la cuisine et les desserts, donc pas un produit de première nécessité, a chuté depuis la fin de la pandémie de coronavirus. Cette chute, entraînant celle des prix, est liée à plusieurs facteurs, notamment l’inflation dégradant le pouvoir d’achat des consommateurs et la hausse de la production mondiale.

Dans les villes de Bouaké, Korhogo, Odienné et Bondoukou, centres à 80 % de cette culture, les agriculteurs et les acheteurs détiennent d’importants stocks invendus des deux dernières saisons en raison d’un manque d’acheteurs industriels.

A noter que l’extension de  l’anacarde, en Côte d’Ivoire mais aussi dans les autres pays, soutenue par une politique de garantie de prix minimum et de niveaux de rémunération historiquement élevés de 2016 à 2018, a eu pour effet de doper l’offre et de contribuer au gonflement des stocks, alors que la demande s’infléchissait, après une quinzaine d’années fastes.

Cette crise mondiale du cajou révèle un problème propre au marché ivoirien de l’anacarde. En l’absence de système de stabilisation des prix d’achat au producteur, comme c’est le cas dans le cacao avec des ventes anticipées et des systèmes de remboursement par la caisse de stabilisation, le Conseil du Coton et de l’Anacarde (CCA) ne dispose pas des mécanismes pour imposer aux acteurs privés du marché de payer aux producteurs un prix minimum obligatoire au-dessus du prix du marché international. La crise affecte les producteurs et tout autant les transformateurs, regroupés au sein du nouveau Groupement des Transformateurs de Cajou Ivoiriens (GTCI),  fragiles car en phase de démarrage et de petite taille, alors même que ceux des pays de référence, Vietnam et Inde sont aussi en difficulté.

L’ambition pour la Côte d’Ivoire d’atteindre le taux de 50% de transformation de sa production nationale d’anacarde en 2030, comme celle d’autres produits agricoles de taille, devient un défi lourd….

 

A voir

La Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial de noix de cajou (Banque Mondiale, 1,59 mn): cliquer ici

 

 

Situation productions phares agricoles ivoriennes (2023)

 

Sources: Gouvernement de Côte d’Ivoire, Fratmat, Banque Mondiale, RFI, AFP, APA, Reuters