Ellen Johnson Sirleaf, ex-présidente du Libéria, prix Nobel de la paix, appelle le monde à tirer les leçons de la crise Ebola

 

A la suite du secrétaire général de l’ONU, c’est l’ex-présidente du Libéria, Ellen Johnson Sirleaf, qui lance le 30 mars, sur les ondes de la BBC, un appel à la solidarité internationale, notamment envers l’Afrique : « Si les pays africains ont jusqu’ici été épargnés du pire, ce n’est qu’une question de temps avant qu’il ne s’abatte sur le continent qui est le moins préparé pour le combattre ».

Elle avait adressé une première « lettre au monde » en 2014 quand le virus Ébola s’abattait sur l’Afrique de l’Ouest

Ellen Johnson Sirleaf, 81 ans, présidente du Libéria de 2006 à 2018, la première femme élue au suffrage universel à la tête d’un État africain, prix Nobel de la Paix 2011, avait déjà adressé une « lettre au monde », en octobre 2014 alors qu’un virus jusque-là inconnu, Ebola, venait en quelques semaines de tuer 2000 de ses citoyens.

On rappellera que l’épidémie avait gravement atteint 3 pays d’Afrique de l’Ouest, Guinée, Sierra Léone et Libéria, avant de s’étendre, sur un mode heureusement très limité, à quelques pays africains (Nigéria, Mali, Sénégal), européens et aux États-Unis. Le bilan officiel a été de 11 000 décès, mais en réalité certainement plus de 20 000 pendant les 3 ans qu’a duré l’épidémie (2014-2016) concentrés à plus de 99% sur les 3 pays d’Afrique de l’Ouest (25 millions d’habitants).

Elle avait été entendue et le virus vaincu grâce à l’effort de tous

L’appel de 1994 de la présidente à toutes les nations de la planète pour qu’elles s’unissent avait été entendu, permettant à la fois de repousser l’épidémie en Afrique et d’empêcher que la contagion ne devienne mondiale. « Une mobilisation de masse initiée par les Nations unies, l’OMS, les États-Unis avait suivi. Nous avons vaincu l’épidémie ensemble. Le résultat est qu’aujourd’hui, nous avons des vaccins expérimentaux efficaces et des traitements antiviraux, grâce à la collaboration des meilleurs scientifiques de la planète ».

Elle renouvelle son appel face à la pandémie du coronavirus

Près de 6 ans plus tard, elle renouvelle son appel : « J’implore à nouveau mes concitoyens du monde ». Elle affirme que les leçons tirées de la crise Ébola peuvent s’appliquer à la propagation du coronavirus. Elle estime que, face à la nouvelle pandémie « Beaucoup de temps a été perdu, des informations dissimulées, minimisées, manipulées ; qu’il y a eu des retards dans la réponse immédiate, en Asie mais aussi en Europe, puis en Amérique. La confiance a été rompue ».  Elle reconnait dans les réactions individuelles « cette peur qui pousse les gens à fuir, à se cacher,  à stocker pour protéger les leurs alors que la seule solution reste fondée dans le collectif ».  Elle reconnait qu’elle-même en 2014 comme la communauté internationale avaient commis les mêmes erreurs. « Mais les corrections se sont faites ensemble et le virus a été vaincu ».

Comme pour l’épidémie Ebola, c’est la solidarité et le partage à l’échelle mondiale qui permettra la gestion de cette nouvelle crise

Depuis chez elle à Monrovia, elle dit être encouragée « par le déploiement d’expertise et le fait que les connaissances, les découvertes scientifiques, les équipements, les médicaments et les personnels sont partagés au sein des pays mais aussi, de plus en plus, au-delà des frontières ». La fermeture des espaces nationaux ne veut pas dire que chacun se replie sur lui-même mais elle est au contraire le signe d’une réponse commune pour ralentir le rythme de la propagation.

Le Libéria est sorti plus résilient et plus fort de l’épidémie d’Ebola. Des protocoles de santé ont été mis en place qui permettent de gérer la nouvelle crise du Covid-19. Elle veut croire avec ferveur que c’est « ce chemin sur lequel nous sommes tous ».

Voir l’émission de la BBC Focus on Africa, 5ème mn 30