Elections présidentielles du 31 octobre prochain : le retour des « vieux éléphants » pour éviter une « guerre des dauphins » ?

La décision imminente du président Alassane Ouattara (78 ans) de briguer un 3ème mandat au titre de la coalition RHDP que son parti, le RDR, domine, apparait à tous, maintenant hautement probable, depuis le décès inattendu le 8 juillet dernier du candidat désigné, le Premier ministre Gon Coulibaly.

Face à lui, l’ancien président Henri Konan Bédié (86 ans), président du PDCI, le principal parti d’opposition depuis son départ du RDHP en 2018 – alliance qui avait permis les deux élections successives de l’actuel président –  est déjà officiellement candidat.

Le 3ème « homme fort », l’ancien président Laurent Gbagbo (75 ans), fondateur du FPI, en jugement à La Haye par la CPI depuis 2011, acquitté en 2019 mais retenu en Europe par une demande d’appel, est resté très populaire en Côte d’Ivoire. Son parti a conclu un accord-cadre avec le PDCI en avril 2020. Bien que le FPI pourrait présenter un candidat au premier tour, ce rapprochement accroit les chances du PDCI.

Dans ce contexte difficile et bouleversé, tant le RHDP que le PDCI estiment que des candidats plus jeunes, aux réseaux et à l’audience moins établis, dans un paysage historiquement marqué par un système pyramidal du pouvoir, amoindriraient leurs fragiles majorités. Ces deux partis, autour desquels se joue la prochaine présidence, encourraient alors le risque de perdre l’élection (calcul politique) ou de conduire le pays à replonger dans une instabilité de tous les dangers. Les Ivoiriens, nostalgiques de la longue ère de paix et de prospérité impulsée par le président Houphouët Boigny, la redoutent au plus haut point, gardant vivaces dans leurs mémoires les affres de la décennie de guerre civile (2000-2011) accompagnée de son cortège de milliers de morts. Ainsi s’entendent les nombreuses concessions, alliances sans véritables lendemains, captations de personnalités d’un camp ou de l’autre, mise en veille des générations nouvelles au détriment hélas d’une croissance de l’activité pourtant  bien orientée depuis plusieurs années, d’une meilleure redistribution, repoussant d’autant l’objectif d’émergence. L’inamovibilité  des plus hauts dirigeants politiques  aggrave la crise COVID-19 frappant de plein fouet une économie fortement dépendante de l’extérieur alors que la poussée démographique qui ne relâche pas multiplie chaque année le emplois à pourvoir dans des villes surpeuplées …

Jean Dollé

A écouter

Adama Bictogo, secrétaire exécutif du RHDP

Jean-Louis Billon, secrétaire exécutif du PDCI, avec le président Bédié

Deux entretiens RFI: Adama Bictogo, directeur exécutif du RHDP; Jean-Louis Billon, secrétaire exécutif du PDCI, en charge de la communication; Ils étaient cette semaine, lundi pour le premier et mercredi pour l’autre,  « L’Invité Afrique » (5 mn chacun) :

1 Adama Bictogo (RHDP), «Alassane Ouattara est la solution aujourd’hui»

https://podcasts.apple.com/fr/podcast/invit%C3%A9-afrique/id934352267?i=1000485478042

2 J-L Billon (PDCI): «Le retour du président Ouattara montre que le RHDP est à bout de souffle»

https://podcasts.apple.com/fr/podcast/invit%C3%A9-afrique/id934352267?i=1000485679677