André Froissard, Directeur général de la Compagnie Sucrière du Sénégal, un ami, nous a quittés

André Froissard, Directeur général de la Compagnie Sucrière du Sénégal, un ami, nous a quittés

C’est avec une infinie tristesse que j’apprends le décès d’un ami, André Froissard, le 30 décembre, terrassé à 72 ans par le coronavirus, en France où il avait été rapatrié en urgence du Sénégal.

Homme d’affaires exemplaire, dédié à l’Afrique depuis plusieurs décennies, au Tchad, en RDC, au Cameroun, en Côte d’Ivoire puis au Sénégal, il y a dirigé de grandes entreprises industrielles. L’objectif était toujours le même : redresser leur activité car elles étaient souvent en difficulté, dans des secteurs sévèrement concurrencés par l’extérieur et leur assurer un avenir pérenne au profit d’un développement endogène du pays dans lequel il œuvrait.

Je l’ai connu au Cameroun où il s’est battu inlassablement pour relancer l’entreprise textile nationale, la CICAM, en permanence sur le terrain entre Douala, Yaoundé et Garoua où l’unité de production était installée. Nous nous sommes ensuite retrouvés en Côte d’Ivoire. Il y dirigeait FILTISAC, une entreprise de fabrication de sacs pour l’emballage du cacao, appartenant au groupe Aga Khan. Il a ensuite pris la direction de la Compagnie Sénégalaise Sucrière (CSS), filiale du groupe Mimran, une plantation de canne de 12 000 ha, avec son aval industriel, sucre raffiné et éthanol, la 1ère entreprise privée du pays, occupant en campagne quelque 8000 personnes.  Située à Richard-Toll, au nord, proche de Saint Louis, en frontière avec la Mauritanie le long du fleuve éponyme, elle anime l’économie du nord du Sénégal, voire du pays. André Froissard résidait sur place avec de constants déplacements à Dakar, distante de 400 km. Il y défendait son entreprise, face aux importations à bas coût, en particulier du Brésil, afin qu’elle parvienne à assurer l’autosuffisance du pays en sucre, produit de très grande consommation au Sénégal.

Autodidacte, après une première expérience en France dans le secteur informatique naissant, il a fait le choix dans les années 90 de l’Afrique qu’il n’a plus quittée, passionné par sa conviction que l’émergence du continent était conditionnée par son industrialisation. Meneur d’hommes, manager de poigne, combatif, doté de solides qualités d’anticipation et de cloisonnement, d’une grande maîtrise personnelle, il était pour autant à l’écoute des autres, disponible envers tous, généreux.

Bénévole au service tant de son pays d’accueil que de la France, il acceptait les missions de soutien qui lui étaient proposées en les conduisant avec le même dévouement que celles exercées à titre professionnel. J’ai pu en juger lors de nos réunions d’ambassade, en son titre de Conseiller du Commerce Extérieur de la France, à Yaoundé puis Abidjan alors que j’étais moi-même en poste dans ces deux pays où s’est forgée notre amitié. Il a été l’un des quelques-uns à m’inciter à lancer le CEFICE.  André a été distingué de l’Ordre national du mérite lors de son séjour au Cameroun puis de la Légion d’honneur, au Sénégal.

A son épouse Annette, à ses enfants, à ses proches qui lui étaient chers, je transmets ma sympathie émue.

Jean Dollé

Aux commandes de la CSS

Quelques parcelles de canne vues du ciel

Leur irrigation à partir du fleuve Sénégal

Avec un des responsables de l’usine

Avec son épouse Annette, à Saint Louis, à l’embouchure du fleuve

A Saly, une fin de semaine